DANS LES COULISSES DE THIS WAY : UN ENTRETIEN AVEC LÉONARD DUPOND – PARTIE 2

DANS LES COULISSES DE THIS WAY : UN ENTRETIEN AVEC LÉONARD DUPOND – PARTIE 2

Léonard Dupond

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Hello à nouveau les Explorateurs ! Nous sommes de retour avec la deuxième partie de notre interview de l’artiste de I C E, Léonard Dupond !

ANTON: Donc…. Dans mon interview avec Samson & Hugo, Hugo a mentionné comment il t’a (timidement) approché dans votre espace de co-working avec l’idée de faire les illustrations de I C E. Quelle a été ta réaction à cela ?

LÉONARD: Oui, c’est vrai. Hugo est une personne assez timide…

ANTON: [rire]

LÉONARD: …Je suppose qu’il y a pensé pendant longtemps. Mais quand il est arrivé – à l’époque, je faisais beaucoup de projets commerciaux, et je cherchais un moyen de dessiner des choses plus personnelles. Et avoir mon propre projet. Mais rien de bien défini. Alors quand il est venu – et je pouvais voir qu’il y pensait depuis longtemps – et qu’il a dit ok « Veux-tu dessiner pour ICE… le projet dont je t’ai parlé ? » Alors j’ai dit assez facilement, « Ouais, ok ! »

ANTON: Wow, ok – c’était facile ! Mais à ce moment-là, connaissais-tu les jeux de société ? Étais-tu fan de jeux ?

LÉONARD: Pas tant que ça. À l’époque, j’avais joué à seulement deux ou trois jeux de société, comme 7 Wonders. J’avais joué aussi quelques parties de Myrmes (un jeu avec des fourmis). Mais pas tant que ça, en fait. Je savais que j’aimais ça. Mais non, ce n’était pas un domaine que je connaissais bien. C’est juste qu’à ce moment-là, il y a eu un déclic. Et j’ai pensé « Ouais, c’est parfait ».

ANTON: Qu’y avait-il dans ce projet particulier, qui t’as fait dire « ok, je veux faire ça ».

LÉONARD: Hugo m’a parlé de l’Univers. Ils avaient, avec son frère, cette histoire de… glace, et quelque chose… une atmosphère très mystique. Donc je connaissais leur monde, et cela m’a aidé à me projeter dans cet univers riche. Mais je n’ai pas beaucoup pensé aux conséquences concrètes – comme faire 90 illustrations à la fin…

ANTON: Ouais ! Surtout qu’ils ont mentionné que tu n’as pas été payé tout de suite…non ? [rires]

LÉONARD: Oui. Il m’a tout dit. Il n’y avait aucun secret. Il m’a dit que c’était un projet risqué, qu’ils pouvaient échouer, que je pouvais travailler pour rien. Il y a quelque chose que tu apprends en dessinant, c’est que rien n’est perdu. Donc si tu dessines, et que c’est un bon dessin, et que tu as aimé quelque chose, tu peux toujours le réutiliser…

ANTON: C’est vrai…

LÉONARD: Donc, à mon avis, je ne perdais rien. Bien sûr, j’aurais été extrêmement déçu si ça n’avait pas marché. Mais… à l’époque, je ne réfléchissais pas beaucoup. Je me disais… OK, essayons. J’ai gardé cet état d’esprit pendant la majeure partie du projet, sans trop me demander s’ils allaient réussir ou échouer. 

ANTON: La première image… la première image finie que vous avez créée… c’était la couverture du jeu ?

Le premier concept art pour I C E

LÉONARD: Non, ce n’était pas la couverture. Vous l’avez en fait publiée il y a quelques semaines pour #ThrowbackThursday. C’est une image où un archéologue découvre un artefact, mais c’est à la surface. Je me souviens avoir fait ce premier dessin, et ils étaient vraiment enthousiastes. Mais… ils m’ont dit « Ah, c’est super cool… »

ANTON: “Mais…” [rires]

LÉONARD: « …mais nous avons besoin que tu fasses la même chose, mais sous la glace. » Parce que les artefacts ne sont pas trouvés à la surface. Donc il y avait comme « Ok, super cool ! Mais ce n’est pas l’histoire. Ce n’est pas compatible avec l’univers. S’il-te-plaît, faites-en un autre. » 

Mais oui, je suppose que c’était le premier. Et puis j’ai fait beaucoup de croquis. 

Alors Hugo… chaque année il fait une sorte d’atelier dans une maison de famille. Et nous y allons, et j’ai apporté mon carnet de croquis avec moi. J’ai dessiné des tuiles, des archéologues… J’ai dessiné mon personnage préféré de ICE, qui est arrivé au tout début…

ANTON: Lequel?

LÉONARD: Le CryoArchitecte. 

ANTON: Oh oui… incroyable.

LÉONARD: C’était donc le 2e ou 3e dessin que j’avais fait. Et le dessin [suivant] devait être la couverture. Il est donc arrivé très tôt dans le processus.

ANTON: Comment s’est déroulé le processus de collaboration ? Hugo et Samson t’ont-ils donné beaucoup en termes de détails et d’histoire, et quelle est la part qui te revient ?

LÉONARD: Je suppose que c’est une sorte de 50/50, parce qu’ils ont jeté les bases de l’histoire avant même que je n’intervienne – le « Conseil de la Cité », le fait que tout ce qui survit est sous la glace avec ce soleil artificiel [Le Foyer] – tout cela était déjà écrit. J’ai donc intégré cette imagerie qui était la leur, mais les éléments que j’ai apportés sont les formes, les costumes, l’apparence… En fait, ils établissaient la structure de l’histoire, et je ne faisais que, vous savez… « décorer ». [les deux rient] 

Mais ils ne me disaient pas grand-chose, j’avais donc une grande liberté de création. 

ANTON: Oh, cool.

LÉONARD: Mais bien sûr, on discutait… on faisait des allers-retours sur les images. Donc je disais « Oh, je pense que ça ressemble à un laboratoire astro », et ils disaient « Ok, parfait ». Ou ils avaient des suggestions. Mais la plupart du temps, ce qui est illustré est entièrement ma création. Mais comme je l’ai dit, ils ont créé les « piliers » de ce monde entier. Donc… 50/50, je dirais…

ANTON: Ouais. Je veux dire, j’adore tous les petits détails… des choses comme les Illuminés qui s’immergent dans ces bains de glace, ou autre, pour les aider…

LÉONARD: C’était donc leur idée, par exemple. Mais le fait qu’ils portent des masques – c’était la mienne. Donc, l’idée de base est la leur, mais la façon dont elle se présente est la mienne. Et peut-être que pour quelques autres, je leur ai dit une idée, et ils ont rebondi sur cette idée et en ont eu une autre. Donc ce n’est pas clair, et je ne suis pas très intéressé de savoir exactement qui a fait quoi, puisque tout le monde a travaillé très dur sur ce projet. J’aime bien dire que c’est moitié-moitié, mais tout le monde a travaillé très dur. 

ANTON: J’aime des choses comme les étranges tatouages sur les Incandescents. Ont-ils une signification particulière ? Ou c’est juste un design cool ?

LÉONARD: Alors ça va être une grosse déception… car c’est purement esthétique! 

ANTON: [rires]

LÉONARD: Non – le sens est que lorsqu’ils interagissent avec les artefacts, les objets sont si forts, qu’ils laissent une marque sur votre peau. 

ANTON: Oh, wow!

LÉONARD: Et comme le circuit imprimé d’une carte mère d’un ordinateur, il imprime ce réseau d’encre – mais ce réseau aide en fait celui qui l’a, à se connecter à nouveau à l’artefact. C’est donc une sorte de relation qui affecte celui qui l’utilise, et qui l’aide à interagir davantage avec lui. Et nous ne sommes pas sûrs que cela vous tuera à la fin, mais vous devenez de mieux en mieux capable d’utiliser les artefacts. 

ANTON: Wow, c’est vraiment cool – je suis content d’avoir posé cette question ! [rires]

Vous allez donc réaliser les illustrations du prochain jeu de This Way!, qui sera basé sur le Conseil de la Cité, et toutes les guildes! Qu’avez-vous le plus hâte d’explorer avec les différentes guildes ?

LÉONARD: Oui, c’est super excitant. C’est un tout nouvel environnement riche à dessiner. Ce que j’attends avec impatience, c’est de faire l’architecture de chaque Guilde. Par exemple, comme nous le faisons de manière très identifiée, nous voulons que les guildes soient un peu caricaturales… par exemple, les CryoArchitectes sont des nobles, et ils vivent dans des endroits confortables où il fait chaud, etc. Mais les Navigateurs, eux, vivent en marge de la Cité, donc ils construisent des sortes d’igloos et d’architectures de glace, et ils n’ont pas du tout le même mode de vie que les gens du centre de la Cité. Donc je pense que ce serait intéressant de les dessiner… pas seulement en train de creuser ou de vivre dehors, mais dans leur environnement. Et puis, les costumes – j’ai vraiment hâte d’explorer les différents costumes et éléments qu’ils portent. 

Visages – Je suppose que je vais faire une sorte de « casting », comme on le fait pour les films, et chercher des visages qui ont un peu de charisme, et ça va être amusant à faire. Mais je n’ai pas encore de détails sur le contenu, donc je ne peux pas vous en dire plus. 

ANTON: Eh bien, hâte d’y être ! Est-ce qu’ils t’ont donné une indication sur le nombre de dessins que tu vas faire ?

LÉONARD: Euh… c’est encore en débat, vous savez ? Au début, ils m’ont dit qu’il y en avait environ 30, puis ils m’ont dit qu’il y en aurait environ 70. Et je me suis dit « OK, les gars… on avait dit que ce serait un jeu plus petit. »

ANTON: [rires]. Eh bien… plus petit en dimension, oui. Mais pour un jeu basé sur des cartes, ils vont avoir besoin de beaucoup d’illustrations. 

LÉONARD: Pour rappel, je n’ai pas travaillé à plein temps sur I C E, mais il m’a quand même fallu deux ans pour le faire, et je veux que celui-ci soit un peu plus rapide. Donc nous en parlons toujours. 

ANTON: Lorsque vous ne dessinez pas des univers extrêmement froids remplis d’Artefacts étranges et d’Édifices gigantesques, quels genres ou thèmes t’excitent le plus ?

LÉONARD: Je suis vraiment attiré par tout ce qui tourne autour de « l’exploration ». J’ai dessiné beaucoup de science-fiction. Beaucoup d’éditeurs m’appellent pour faire des couvertures de livres de science-fiction. Donc je suppose que c’est l’un de mes principaux centres d’intérêt. Mais quand je parle d’exploration, il peut s’agir d’exploration sous-marine, de scaphandriers, de voyages… Le thème de l’exploration est vaste et peut aller n’importe où, de l’espace lointain au centre de la Terre. C’est le genre de choses que je veux dessiner. 

Et ces jours-ci, je dessine beaucoup sur le sport. Je me prépare pour les Jeux Olympiques, pour Paris 2024. Et mon plan secret est d’être appelé pour faire des affiches et d’autres choses pour les Jeux olympiques. Donc je me prépare pour ça. 

ANTON: Oh mon Dieu, ce serait génial ! Ouais, je viens de voir le récent dessin que tu as fait de toi à vélo, qui était vraiment cool.

Y a-t-il des rêves de projets sur lesquels vous espérez travailler à l’avenir ?

LÉONARD: Oui, question difficile, je suppose. Le projet de mes rêves serait de faire des choses plus physiques. Par exemple, vous connaissez ces cadres…. ces boîtes dans lesquelles vous avez une scène entière avec du papier découpé, et c’est une sorte de théâtre en 3D. Donc oui, un de mes projets de rêve serait de prendre le temps de faire un de ces cadres. 

Et un autre projet que j’aimerais faire est de réaliser un film de science-fiction avec zéro euro. Sans argent. Juste trouver des idées et des trucs à faire – peut-être pas un film entier, peut-être un court métrage – mais filmer et créer un film de science-fiction avec rien. Juste des idées. Ce serait excitant. 

ANTON: Wow, c’est fantastique. Espérons que ça arrive. 

LÉONARD: Ce sont mes projets de rêve. 

ANTON: La dernière chose que je voulais te demander, c’est – pour tous les artistes en herbe – as-tu des suggestions, des recommandations… des choses que tu penses qu’ils devraient faire ?

LÉONARD: C’est vaste. Je suppose que, comme je l’ai dit au tout début de cette interview, le truc c’est que vous verrez – parce que vous serez sur Instagram, vous serez sur les médias sociaux – ça peut être vraiment décourageant de voir toutes ces personnes talentueuses qui ont leur propre style, etc. Et je suppose que la chose que vous devez vous dire est qu’ils ont tous vécu ce que vous vivez en ce moment. Je suis passé par là, et j’ai identifié les références qui me rendaient différent des autres. 

Par exemple, j’adore les gravures du XIXe siècle, et j’essayais d’avoir ces textures. Ou bien je prenais une autre référence et je m’entraînais à importer ce que j’aimais dans ces références dans mon travail actuel. Mon principal conseil serait donc le suivant : Ne vous contentez pas de regarder les artistes contemporains. Ne vous contentez pas de regarder des gens comme moi, ou des gens beaucoup plus célèbres que moi qui ne sont pas très vieux. Regardez les maîtres. Regardez ce qui a inspiré ces personnes. Et allez à la source, remixez-la, faites-la vôtre, et ainsi vous trouverez votre propre style. 

ANTON: Un conseil fantastique. Merci.

D’accord, donc c’était génial. Merci beaucoup de nous avoir accordé ton temps pour répondre à toutes ces questions. 

LÉONARD: Merci, Anton ! C’était très sympa. 

ANTON: C’est tout pour le moment. Restez à l’écoute pour notre prochaine interview !

LÉONARD: Cool. Bye bye, Anton!

ANTON: Byeeeeeeee.